Petits mammifères commensaux et invasions biologiques en Europe à l'Holocène

Projet
Relation Homme - Nature
Europe
Appel à projets 2012

Porteur du projet :         Anne TRESSET - UMR7209

Co-porteur du projet :   Anthony HERREL - UMR7179

UMR associées :           UMR7205 - Raphael CORNETTE

                                       UMS3468 - Cécile CALLOU

Etudiante recrutée :        Elizabeth KERR

Période & durée du projet : 2012 - 36 mois

 

Présentation du projet :

Cette thèse vise à comprendre les processus d’adaptation morpho-fonctionnelle aux environnements fortement anthropisés de plusieurs petits mammifères anthropophiles (mulots, crocidures) dont la proximité avec l’homme est ancienne. Ce travail articule des approches biomécaniques et archéozoologiques et adopte une perspective temporelle large (de la fin du Paléolithique à nos jours) afin de mettre en évidence des processus adaptatifs de longue ou très longue durée.

 

Résultats espérés :

La mise en évidence des processus d’adaptation à l’environnement humain chez les mammifères anthropophiles devrait permettre de mieux comprendre comment ces taxons ont pu résister à la pression anthropique croissante sur les écosystèmes depuis le début du Néolithique mais également  comment ils ont tiré avantage de leur proximité avec l’homme pour coloniser de nouveaux milieux.

 

Résumé du projet :

Les invasions biologiques ont été identifiées comme une des causes majeures de l’érosion actuelle de la biodiversité, constatée dans toutes les régions du globe et dans tous les secteurs du vivant. Un certain nombre de ces invasions ont été et sont toujours causées par de petits mammifères ayant développé au cours de l’Holocène des rapports plus ou moins étroits avec l’homme et sa niche écologique. Cette proximité avec l’homme leur a permis, via des transferts humains involontaires, de coloniser des territoires qui leur seraient autrement restés inaccessibles (cas des îles notamment) ; elle leur a également permis de survivre sous des climats et dans des conditions environnementales auxquels ils n’auraient probablement pas survécu sans la présence humaine (cas par exemple du nord de l’Europe pour certaines espèces originaires d’Afrique ou du Proche-Orient). Parmi ces petits animaux anthropophiles, les rongeurs murins tels que les souris et les rats, aux très forts potentiels invasifs, ont été plus particulièrement étudiés. L’histoire de la diffusion de la souris du Proche Orient vers l’Europe depuis le Néolithique a notamment fait l’objet de travaux approfondis depuis une quinzaine d’années. L’objet du présent projet de thèse est 1) de documenter sur la base des éléments archéozoologiques et en prenant en compte les données moléculaires récentes les scénarios européens d’émergence de l’anthropophilie et de diffusion anthropogène chez des espèces présentes sur ce continent dès le début de l’Holocène et 2) de comprendre en faisant appel à la morphométrie géométrique, l’anatomie fonctionnelle et la dynamique des populations les mécanismes d’adaptation fonctionnelle et éthophysiologique qui sont à la base de ces processus. Les taxons concernés sont certaines musaraignes (genres Crocidura, Suncus et Sorex), certains hamsters (genres Cricetus et Cricetulus), certains campagnols (certaines espèces du genre Microtus notamment). En fournissant d’autres scénarios micro-mammaliens d’émergence du commensalisme et d’invasion que ceux déjà connus pour les souris et les rats et en s’attaquant aux mécanismes adaptatifs qui les sous-tendent, ce travail devrait considérablement approfondir notre compréhension de certains phénomènes invasifs actuels dont on sait déjà qu’ils trouvent leur origine loin dans l’Holocène. En cela, il intéresse également très directement la biologie de la conservation.

Particularité du projet :

Contribution à une meilleure compréhension de l’émergence de l’anthropophilie chez les petits mammifères et dans une certaine mesure des phénomènes invasifs dont ils sont responsables.